PREVENIR LE BURN OUT
Pour la CFDT, l’urgence est de reconnaître en amont les organisations du travail susceptibles de l’engendrer
Le guide d’Aide à la prévention du syndrome d’épuisement professionnel, ou burnout, vient de paraitre. Ce document a été réalisé par la Direction générale du travail (DGT) en association avec l’Agence nationale de l’Amélioration des Conditions de Travail (Anact) et l’Institut National de recherche et de sécurité (INRS). Il a reçu un avis favorable et unanime de la part des partenaires sociaux du Conseil d'Orientation sur les Conditions de Travail (COCT) qui ont demandé à la DGT d’en organiser une large diffusion.
La CFDT se félicite de cette démarche qui s’inscrit dans la continuité de l’accord Qualité de vie au travail-Égalité professionnelle du 19 juin 2013 et des orientations stratégiques proposées par les partenaires sociaux dans le Plan Santé Travail 2015- 2019. Les partenaires sociaux prouvent ainsi leur volonté d’agir dans le domaine de la santé et des conditions de travail. Ce guide apporte des éléments utiles de connaissance et de préconisations à l’ensemble des acteurs pour leur permettre d’agir sur les effets du travail afin de prévenir le syndrome d’épuisement professionnel et d’aider au maintien dans l’emploi des salariés touchés. Il concerne tous les secteurs professionnels (public ou privé) et les entreprises de toute taille. Pour la CFDT, chacun doit se saisir de cet outil pour mettre en oeuvre la prévention du syndrome de burn-out.
Burn out ou comment exprimer la souffrance extrême dans certaines situations professionnelles. Un terme sur toutes les lèvres dès qu’apparaissent des situations de tension. Véritable hantise des DRH car étiquette mise parfois de façon abusive par tous ceux qui s’expriment sur le travail. Les cadres sont particulièrement concernés, même s’ils ne sont pas les seuls. Nos enquêtes estiment que près d'un cadre sur 10 serait en situation de burn out.
Si les médecins du travail savent décrire les signaux pathologiques d’alarme, les collègues de travail en proximité ont également un rôle à reconnaître. Ils perçoivent les dérives qui peuvent conduire au burn out : charge de travail excessive, injonctions paradoxales, gabegie procédurière, reporting, conflits d’éthique et de loyauté, fragmentation du travail qui conduisent celui qui veut bien faire son travail, à en faire toujours plus. Ce sont alors de longues journées de travail qui mettent en péril les équilibres personnels.
Or, les temps d’’évaluation du travail ne permettent pas d’exprimer ces conditions de travail et les tensions qu’elles engendrent. La gestion virtuelle à distance l’emportent sur les signaux réels qui viennent du terrain. Les temps de débriefing collectifs et individuels sur le travail sont quasi inexistants. Où parle-t-on de l’organisation du travail, des ajustements qu’il faut faire au quotidien pour répondre à l’attente de la hiérarchie ? Si question il y a, elle se pose souvent à propos d’un individu et dans le registre limité du stress, de la violence et de la souffrance ? Cela ne suffit pas pour combattre les causes du burn out !
Pour la CFDT, l’urgence est de reconnaître en amont les organisations du travail susceptibles de l’engendrer. Débattre de l’organisation du travail, c’est concevoir le travail dans son ensemble : un lieu quotidien de confrontations qui peuvent être fécondes sous réserve qu’elles soient abordées dans les trois dimensions du travail : individuelle, celle de groupe et celle de l’organisation. Les canaux habituels d’expression des problèmes : manager de proximité, médecin du travail, délégués syndicaux, IRP ne sont pas suffisants pour permettre cette expression sur le travail.
Le burn out pose ainsi la question des lieux de dialogue professionnel : mise à plat du travail réel, arrangements quotidiens, logiques individuelles, croisement des compétences, etc. Parallèlement, il faut rendre possible une alerte professionnelle sur les situations les plus graves. Bref, à l’heure où nous célébrons les bienfaits des lois Auroux, reposons-nous question des lieux d’expression sur le travail qui, depuis 1982, a bien changé.